Un même passe Navigo qui fonctionne sur l'ensemble des différents valideurs, la même information de prochain passage d’un métro donnée sur de nombreuses applications de transport... Derrière ces services en apparence simples se cache l’interopérabilité.
Depuis plusieurs années, la mobilité connaît une transformation numérique profonde. Chaque jour, opérateurs de transport, collectivités, services numériques et usagers s’appuient sur une grande variété de données pour planifier, circuler, coordonner des flottes, analyser les mobilités ou construire de nouveaux services.
Dans cet écosystème où les acteurs sont nombreux et hétérogènes, une question devient centrale : comment faire en sorte que tout fonctionne ensemble ?
C’est exactement le rôle de l’interopérabilité, un principe fondateur de la plateforme PRIM.
Qu’est-ce que l’interopérabilité ?
L’interopérabilité désigne la capacité de systèmes différents (logiciels, API, bases de données, opérateurs) à échanger des informations automatiquement, sans intervention manuelle.
Concrètement, c’est la garantie que les données produites par un opérateur puissent être comprises, combinées et réutilisées par tous les autres acteurs. Elle repose sur trois dimensions complémentaires :
1. Interopérabilité technique : Elle garantit que les données utilisent des formats standards et documentés, compris par tous. Sur PRIM, cela se matérialise par l’utilisation de normes définies par le CEN (Comité européen de normalisation) dans le cadre de la Loi d'Orientation des Mobilités : SIRI, NeTEx, GTFS.
2. Interopérabilité sémantique : Elle assure que les données signifient la même chose partout : un stopPoint, une line, un journey, etc.. Les normes européennes apportent ce vocabulaire commun. Ce vocabulaire est défini par Transmodel, le cadre normatif européen pour l'échange de données de transport.
3. Interopérabilité organisationnelle et juridique : Elle repose sur des règles d’usage : Licences ouvertes (Etalab, OdBL, Creative Commons), Obligations légales (Loi LOM, règlement européen MMTIS – MultiModal Travel Information Services), Responsabilités claires entre acteurs.
Grâce à ce cadre, des données de PRIM peuvent circuler librement, alimenter des applications, des analyses ou des services MaaS.
Des standards issus du cadre européen
L’interopérabilité numérique est aujourd’hui une priorité pour l’Union européenne. Le Interoperable Europe Act et le European Interoperability Framework (EIF) posent un cadre commun :
· Normes techniques partagées,
· Réutilisabilité des solutions,
· Harmonisation entre services publics numériques,
· Transformation numérique d’ici 2030 visant à mettre en place des systèmes numériques publics entièrement interopérables.
· Les standards utilisés dans PRIM : NeTEx et SIRI conformément à la normalisation européenne et restreints aux besoins de partage de l'information en région Île-de-France.
Ils garantissent une cohérence transfrontalière et encouragent la création de services multimodaux fiables dans un contexte de mise en concurrence où des acteurs européens peuvent être amenés à opérer en Île-de-France.
Les principaux standards utilisés dans PRIM
GTFS — Données théoriques : Format largement répandu, porté initialement par Google et qui évolue continuellement sous l’impulsion de la structure Mobility Data. Il décrit les lignes, horaires, arrêts, itinéraires et services d’un réseau.
NeTEx — Données théoriques (norme européenne) : Format structuré en XML, conçu pour représenter l’ensemble d’un réseau : lignes, arrêts, missions, tarifs, accessibilité, calendriers… Il est utilisé dans les API IBOO, ICAR, ILICO pour décrire le réseau de transport d’Île-de-France.
SIRI — Données temps réel (norme européenne) : Norme destinée à l’échange de données dynamiques : passages, perturbations, positions. Sur PRIM, trois modules sont utilisés :
· SIRI-SM (StopMonitoring) : prochains passages à la maille arrêt.
· SIRI-ET (EstimatedTimetable) : prochains passages à la maille course.
· SIRI-SX (SituationExchange) : perturbations et messages voyageurs.
Elle est utilisée pour la diffusion des données temps réel.
Comment l’interopérabilité se matérialise concrètement dans PRIM ?
Pour illustrer de manière tangible l’usage des standards, voici deux exemples concrets issus du fonctionnement quotidien de PRIM.
1. Agréger les prochains passages multi-opérateurs (SIRI-SM / SIRI-ET) : Lorsque les opérateurs publient leurs données temps réel via des flux SIRI, IDFM peut regrouper automatiquement les prochains passages de plusieurs réseaux sur un même arrêt ou une même course. Une seule API disponible sur PRIM suffit pour obtenir les passages de bus, tramways et trains, même s’ils proviennent de systèmes internes/SAEIV/Flux différents.
2. Décrire un réseau complet avec une seule norme (NeTEx) : Les données théoriques du réseau — lignes, arrêts, missions, horaires, accessibilité — sont toutes structurées en NeTEx. IDFM produit ainsi un référentiel réseau cohérent et complet disponible sur PRIM.
Le rôle structurant d’AOM d’Île-de-France Mobilités
Île-de-France Mobilités joue un rôle clé dans l’interopérabilité des données :
· Elle fixe les standards à respecter par les opérateurs.
· Elle garantit la cohérence des référentiels à l’échelle du territoire.
· Elle applique le cadre légal issu de la Loi LOM et du règlement européen (ouverture, gratuité, libre redistribution)
· Elle assure la qualité et la normalisation des données intégrées dans PRIM.
Sans cette gouvernance, l’agrégation des données serait impossible ou fragile.
Pourquoi l’interopérabilité est essentielle au MaaS
Un service MaaS (Mobility as a Service) repose sur une promesse simple :
offrir à l’usager une vision unifiée de tous les modes de transport disponibles. Pour cela, il faut :
· Des données complètes (tous les modes),
· Homogènes (standards communs),
· En temps réel,
· Provenant de dizaines d’acteurs différents,
· Agrégées instantanément.
Sans interopérabilité, aucun MaaS ne peut fonctionner. Les standards NeTEx et SIRI, combinés au rôle de PRIM, permettent justement cette agrégation continue. PRIM devient ainsi l’infrastructure technique qui alimente les applications voyageurs, les calculateurs d’itinéraires, les services numériques innovants et les politiques publiques.
Conclusion : PRIM, un moteur d’interopérabilité au service du territoire
Grâce à l’utilisation de standards ouverts, à un cadre juridique clair et à la gouvernance d'Île-de-France mobilités, PRIM offre un environnement dans lequel les données de mobilité peuvent circuler librement, être combinées et donner naissance à de nouveaux services. Cette interopérabilité n’est pas seulement un enjeu technique : c’est une condition essentielle pour construire une mobilité plus durable, multimodale, fluide et accessible pour permettre l’essor de services MaaS à l’échelle régionale.